Mission de benchmarking de l’ANAQ-Sup au Maroc : Vers une coopération renforcée dans l’assurance qualité de l’enseignement supérieur
Du 19 au 24 septembre, une délégation de haut niveau de l’Agence Nationale d’Assurance Qualité (ANAQ-Sup) du Niger, conduite par son directeur général, le professeur Amadou Boureima, est venue étudier le modèle marocain d’assurance qualité. Une visite qui s’inscrit dans un contexte de modernisation accélérée des systèmes universitaires africains.
Le modèle marocain, vitrine de la transformation numérique
Au Maroc, la digitalisation de l’enseignement supérieur n’est pas un vain mot. En quelques années, le royaume chérifien a déployé un arsenal impressionnant de solutions numériques. L’ANEAQ, fer de lance de cette transformation, a dématérialisé l’intégralité de ses processus d’évaluation. « Notre approche vise à garantir transparence et efficacité », souligne Blaid Bougadir, directeur général de l’ANEAQ. Une révolution silencieuse qui porte ses fruits : le pays dispose désormais d’un système d’évaluation reconnu à l’échelle internationale.
La transformation numérique marocaine repose sur plusieurs piliers. Le programme « Code 212 », qui ambitionne de délivrer 100 000 certifications techniques d’ici 2030, en est l’illustration. La plateforme « CURSUSSup », quant à elle, centralise la gestion des admissions universitaires. Des initiatives qui témoignent d’une vision systémique de la modernisation de l’enseignement supérieur.
Un laboratoire de l’excellence académique africaine
L’Université Internationale de Rabat (UIR) incarne cette ambition d’excellence. Avec plus de 580 brevets déposés et des partenariats prestigieux, notamment avec des établissements français et américains, elle démontre qu’une institution africaine peut rivaliser avec les standards internationaux. Un exemple qui ne laisse pas indifférent les responsables nigériens.
« Ce qui nous interpelle, c’est la cohérence du dispositif », analyse le Dr Karidio Idrissa, directeur de l’évaluation à l’ANAQ-Sup. Le système marocain conjugue en effet rigueur des processus et innovation technologique, une alchimie que le Niger souhaite reproduire.
Les défis de l’adaptation au contexte sahélien
La transposition du modèle marocain au Niger soulève néanmoins des questions. Dans un pays confronté à des défis infrastructurels majeurs, la digitalisation ne peut suivre la même trajectoire qu’au Maroc. « Nous devons tenir compte de nos réalités », tempère le Dr Koroney Abdoul-Salam, directeur des normes pédagogiques à l’ANAQ-Sup.
Le défi est double : moderniser les processus tout en garantissant leur accessibilité dans un contexte où la fracture numérique reste une réalité. La réponse pourrait venir d’une approche progressive, privilégiant d’abord les fonctions essentielles avant d’étendre la digitalisation.
Une coopération qui transcende le cadre technique
La signature prochaine d’une convention entre l’ANAQ-Sup et l’ANEAQ, prévue le 19 octobre en présence du ministre marocain de l’Enseignement supérieur, marque une étape significative. Au-delà des aspects techniques, elle symbolise une nouvelle forme de coopération Sud-Sud dans l’enseignement supérieur.
Cette collaboration s’inscrit dans un mouvement plus large de renforcement des liens interafricains en matière d’éducation. Elle illustre également la montée en puissance du Maroc comme acteur majeur de la formation supérieure sur le continent.
Les enjeux d’une transformation annoncée
La modernisation de l’enseignement supérieur nigérien ne se résume pas à une simple question technique. Elle touche aux fondements mêmes du système éducatif : gouvernance, qualité, accessibilité. L’expérience marocaine offre un précieux retour d’expérience sur ces différents aspects.
« Notre ambition est de créer un système qui réponde aux standards internationaux tout en restant ancré dans nos réalités », résume le professeur Boureima. Un équilibre délicat, mais nécessaire pour garantir la pertinence et la durabilité de la transformation engagée.



